Analyse territoriale du déploiement du plan France Relance

Lancé en 2020 et doté d’une enveloppe budgétaire de 100 milliards d’euros, le plan France Relance devait relancer l’économie française suite à la crise économique liée à la pandémie de COVID-19. S’articulant autour de trois piliers (« Ecologie » avec 30 milliards d’euros, « Compétitivité » avec 34 milliards d’euros et « Cohésion » avec 36 milliards d’euros), les objectifs du programme étaient d’accélérer la transition écologique de notre économie, renforcer notre compétitivité et opérer une reconquête industrielle, tout en soutenant l’emploi et l’acquisition de compétences, notamment des jeunes, et le développement de tous les territoires en France.

En juillet 2024, le secrétariat du comité d’évaluation du Plan de Relance a recensé et étudié, au niveau des zones d’emploi, l’investissement de 68 milliards d’euros sur les 100 milliards d’euros du plan (et 93 milliards d’euros engagés fin 2023). Nous vous présentons ces analyses dans cet article.

Le plan France Relance ayant pour vocation à permettre au pays de retrouver le niveau d’activité économique antérieur à la crise COVID-19, l’indicateur de comparaison retenu est celui de la répartition des montants du plan de relance selon la masse salariale mensuelle privée.

Répartition régionale des montants du plan de relance en multiples de masse salariale mensuelle et allocation totale des montants reçus par pilier
(Source : Note d’analyse n°140)

Ainsi, la Guyane se situe en première position (la région ayant reçu près de 180% de sa masse salariale mensuelle), suivie par l’Occitanie, la Normandie et la Bourgogne-Franche-Comté. L’Île-de-France est positionnée en neuvième place. Les régions les moins dotées sont La Réunion, la Guadeloupe et la Martinique.

Déploiement des montants du plan France Relance
(Source : Note d’analyse n°140)

Néanmoins, le classement diffère selon les piliers considérés :

  • Compétitivité : l’Île-de-France se hisse en première position (83% de sa masse salariale), suivies par l’Auvergne-Rhône-Alpes (60%) et les Hauts-de-France (57%). Les régions les moins dotées sont la Guadeloupe (20%), la Martinique (25%) et La Réunion (27%).
  • Cohésion : Les régions les mieux dotées sont la Normandie (53%), La Réunion (50%) et l’Occitanie (45%). A l’inverse, la Martinique (23%), l’Île-de-France (27%) et la Guadeloupe (34%) sont les moins dotées.
  • Ecologie : La Guyane (106%), l’Occitanie (70%) et la Bourgogne-Franche-Comté (63%) sont les mieux dotées, devant la Guadeloupe (18%), la Martinique (23%) et La Réunion (24%).

L’analyse de la répartition des montants du plan de relance selon les zones d’emploi montre que l’ensemble des zones d’emploi a bénéficié de France Relance. Les cinq zones d’emploi les mieux dotées relativement à leur masse salariale mensuelle sont l’Ouest guyanais (Guyane, 585% de sa masse salariale), Yvetot-Vallée du Commerce (Seine-Maritime, 488%), Corte (Haute-Corse, 484%), Vendôme (Loir-et-Cher, 439%) et Sarrebourg (Moselle, 345%). Les moins dotées sont Sainte-Maxime (Var, 56%), la Région Pointoise (Guadeloupe, 62%), Porto-Vecchio (Corse-du-Sud, 64%), Centre-Agglomération (Martinique, 65%) et Marie-Galante (Guadeloupe, 67%).

Notons toutefois que les montants alloués aux zones d’emplois les mieux dotées s’expliquent souvent par le financement de projets ambitieux (ainsi, 57% des montants reçus par Yvetot-Vallée du Commerce proviennent du PIIEC (Projet Important d’Intérêt Européen Commun) Hydrogène pour un projet de construction d’un électrolyseur).

Les résultats ne font pas apparaître de corrélation entre la répartition territoriale des actions du plan France Relance et la dynamique de créations d’emplois. Cela confirme qu’il n’existe pas de biais au déploiement du plan de relance vers les zones d’emploi en fonction de leur dynamique d’emploi avant la crise du COVID-19.

En outre, il n’existe pas de biais dans le déploiement territorial en faveur des zones d’emploi les plus vulnérables. Cela est en accord avec l’objectif du plan, qui n’était pas de cibler les zones d’emploi les plus fragiles avant la crise mais de relancer l’économie française.

Les résultats traduisent la diversité des dispositifs du plan France Relance. En effet, si les mesures de soutien aux travaux de rénovation énergétique, les aides exceptionnelles à l’apprentissage ou l’activité partielle de longue durée ont bénéficié à l’ensemble des territoires, les actions en vue de l’amélioration de la compétitivité et de la transformation de notre économie ont davantage été tournées vers des zones denses et industrielles.

En effet, les résultats montrent que les fonds de France Relance sont majoritairement alloués aux zones fortement industrielles (activités manufacturières et extractives, activités liées à la production et à la distribution d’énergie et d’eau), en cohérence avec l’objectif du plan de stimuler l’emploi et renforcer la compétitivité des entreprises, en particulier dans le secteur industriel.

Source : Note d’analyse n°140 : Où le plan France Relance s’est-il déployé ?, Sylvie Montout, juillet 2024