[Infographie] L’évolution du financement public de l’innovation des entreprises par secteurs d’activité : Vers une stratégie de financement ciblée

Une évolution stratégique des aides publiques

Les données collectées montrent que, de de 2005 à 2024, l’allocation des aides publiques à la R&D en France est passée d’une logique transversale, principalement par le biais de dispositifs fiscaux tels que le CIR, à une stratégie qui se concentre progressivement sur des secteurs jugés essentiels pour la compétitivité.

Ce sont les lancements du PlA 4 et de France 2030 qui sont à l’origine de ce véritable changement de paradigme, en obéissant à une volonté de « concentrer l’effort public sur un nombre limité de secteurs et technologies essentiels dans l’indépendance et la prospérité à long terme de la France » (Transformer l’essai de l’innovation : un impératif pour réindustrialiser la France, Rapport d’information n°655, Sénat, 8 juin 2022).

Ainsi, si les incitations fiscales non ciblées représentent toujours une part importante des aides à la R&D, elles sont complétées par des plans d’investissements visant des secteurs plus spécifiques, avec l’objectif de mettre la politique de soutien à l’innovation au service de la restauration du tissu industriel français.

Les secteurs d’activité prioritaires

Les aides publiques, désormais plus orientées, se concentrent sur :

  1. L’industrie manufacturière, qui reste globalement le secteur d’activité qui bénéficie le plus des aides publiques à la R&D (notamment les secteurs chimique, pharmaceutique et électronique)
  2. Les technologies de rupture (Deep Tech), avec un accent sur les start-ups industrielles.
  3. La transition écologique, par exemple via l’hydrogène ou la décarbonation industrielle.
  4. Les filières stratégiques européennes, financées par des programmes comme Horizon Europe et Innovation Fund, soutenant l’ingénierie, la technologie, et les industries fortement consommatrices en énergie.

Une diversité d’outils de financement

  • Incitations fiscales : Le CIR reste un pilier majeur, représentant 7,7 milliards d’euros en 2025, avec une concentration sur l’industrie manufacturière (61 % des bénéficiaires). Le crédit d’impôt innovation (CII), dédié aux PME, cible les technologies numériques (46%) et les activités scientifiques (31%).
  • Aides directes : Gérées par Bpifrance, ces aides soutiennent principalement les activités scientifiques (33%) et l’industrie (41%).
  • Programmes européens : Horizon Europe et Innovation Fund poursuivent des objectifs de compétitivité et de neutralité carbone en finançant majoritairement l’ingénierie et la technologie (40%) et les secteurs industriels fortement consommateurs d’énergie (85%).

Enjeux et perspectives

Avec une part de 28 % de R&D privée financée par l’État, la France peut s’affirmer comme un leader parmi les pays du G7 en matière de soutien à l’innovation. Cette dynamique doit être soutenue par une stratégie articulée autour de trois axes :

  • Souveraineté et indépendance technologique : Renforcer l’autonomie dans des secteurs critiques tels que la santé et les technologies numériques.
  • Décarbonation et transition écologique : Accélérer l’innovation dans des secteurs clés pour répondre aux enjeux climatiques.
  • Montée en échelle des PME innovantes : Faciliter le développement des acteurs émergents grâce à un ciblage des aides.

Cette transformation marque une étape cruciale pour restaurer le tissu industriel français tout en répondant aux défis mondiaux, consolidant ainsi la position de la France comme moteur de l’innovation en Europe.